Le Guide Duchemin

07 août 2005

Au Pont Saint-Martin - Strasbourg

13 rue des Moulin - 67000 Strasbourg
La bouteille vacille, les verres tintent, comme sur un bateau au milieu de l’Ill, vous voici installé sur la petite terrasse du Pont Saint-Martin. Coup d’œil à tribord, le Pont du même nom ; tour de tête à bâbord, vue imprenable sur la Petite France, les maisons à colombages, l’écluse et la romantique place Benjamin Zix.
En réservant à l’Auberge Saint-Martin n’oubliez donc pas de demander « le lavoir » pour jouir de cette vue à raz-d’eau offerte à une dizaine de clients avisés.
Certes, ce lieu presque magique n’est pas aussi confortable qu’une salle à l’intérieur ou à l’étage, ouverte sur la rivière. Mais le voyage vaut le déplacement et vous évitera d’avoir la sensation d’être un banal touriste qu’on aura casé serré dans une usine à restaurer.

La carte est bien fournie et la note pas trop salée. Bien sûr, on vous sert ici avant tout des mets alsaciens, mais les plats peuvent être originaux et satisfaire les aventuriers du palais.
On préférera par contre arriver dès le début de la soirée pour éviter l’affluence, limiter les lenteurs du service (à l’évidence on économise sur le personnel qui court en tous sens) et ne pas se voir proposer une assiette juste tiède qui a vraisemblablement attendu un peu longtemps celle de vos amis.
En un mot, le pont Saint-Martin et son personnel accueillant saura vous offrir une bonne soirée dans un cadre agréable et original, qui n’a culinairement parlant rien à envier aux autres restaurants Strasbourgeois prisés par les touristes.

04 août 2005

T’ Elfde Gebod – Anvers (Belgique)

Torfbrug 10 - 2000 ANVERS

Une petite rue pavée dernière la cathédrale… A travers les petites fenêtres de la taverne, quelques paires d’yeux regardent. Leur regard est familier, on pourrait - en s’approchant un peu - deviner les prénoms… Jean, Pierre, Luc, Mathieu, Thérèse et la fameuse Madeleine. Certes, manger des frites chez Eugène, Madelaine elle aime ça ; mais ce soir, c’est une expérience flammande plus insolite que T’Elfde Gebod vous propose.

Traduisez Le Onzième Comandement.
La petite terasse est assez agréable dans la rue pitoresque – spécialement la nuit, où, à la lueur des bougies qui indiquent le chemin, on se sent transporté quelque mille ans en arrière… Mais la véritable attraction est à l’intérieur, et, vous l’aurez compris, c’est dans le décor que toute l’originalité ce petit restaurant réside.

Passé le porche donc, Jean, Pierre, Luc, Mathieu, Thérèse et la fameuse Madeleine vous accueillent. Dans la pénombre vous les voyez, ils vous regardent, souriant ou implorant, vous tournant le dos ou vous invitant à cette petite table en bois là-bas dans le coin. Que leur visage de platre vous impressionne, vous inquiéte ou vous intrigue, l’atmosphère que ces statues dégage envahit peu à peu la salle et votre assiette.
Dans ce lieu singulier, paradis des saints ou remise de cathédrale, chacun verra son interprétation du Onzième Commandement. Reste que l’assiette est bien remplie et le choix varié. Salade, viande ou poisson sans oublier les moules, tous les goûts sont satisfaits pour un prix intéressant. La bierre coule aussi jusqu’à plus soif (tentez les brunes excellentes) et l’on se plaît à ressentir l’excitation d’un moine bedonnant cuvant dans la sacristie…

Le voyage transporte c’est certain… peut-être jusqu’à la vidange, quand, déversant dans l’urinoir les litres consommés, le petit carré noir que vous visez s’éclaircit pour laissez apparaître un trouble « Have a nice day ! ». Oui, on aurait peut-être préféré des lattrines pour que le voyage dans le temps s’arrête à la porte du mauvais goût.